» Ce n’est pas l’esprit qui est dans le corps, c’est l’esprit qui contient le corps et qui l’enveloppe tout entier » Paul Claudel
La P.N.L. (Programmation Neuro Linguistique) a établi clairement que tout message est véhiculé par le langage dit non-verbal, et ce pour 93 %.
Ce n’est pas que les mots soient moins importants, mais le langage non-verbal donne tout le sens aux mots, par les gestes, les mimiques, le regard, la respiration, le silence (pour 55 %)et la voix, les intonations, les rythmes et débits de parole (para-verbal, pour 38 %).
Ce que les mots ne disent pas, le corps l’exprime.
Notre corps trahit nos mots. Une expression d’un visage, le débit d’une parole, nos mimiques, un comportement agité ou en retrait, etc… donnent une quantité d’informations sur la façon dont l’auditoire nous perçoit et entend notre discours.
En retour, observer attentivement les réactions, les comportements, le langage non-verbal du public, permet de se renseigner sur la relation induite par notre propre attitude.
- La gestuelle
- Les expressions du visage
- Le regard
- La voix
- Le positionnement dans l’espace
La gestuelle
Laisser s’exprimer le corps
Libérer les gestes, être le plus naturel possible.
Le corps donne force à l’expression verbale.
Ne pas laisser le mental figer le corps
Il n’existe pas de règle qui liste les gestes correspondants à une situation donnée. Les bons gestes sont ceux qui véhiculent d’une manière congruente le message, c’est-à-dire la force, la conviction que vous donnez à vos propos. Se préparer à communiquer libère également les gestes.
Il est important d’identifier les gestes qui parasitent notre communication, de comprendre leur mécanisme et d’en analyser les effets sur le message transmis.
Les mains,par exemple, sont souvent une source d’embarras, tout simplement parceque l’on y pense au moment d’une prise de parole ! En situation habituelle, n’ayant pas la perception d’une observation par autrui, nos mains accompagnent naturellement notre discours, sans que nous y prêtions attention.
Le simple fait d’être devant un auditoire nous amène à vouloir contrôler le moindre de nos gestes, de nos tics. Nous ne pouvons les supprimer mais apprendre à ne plus se focaliser dessus permet déjà à de les limiter.Nos gestes font partie de notre image. La prise de parole ne doit pas être standardisée mais, au contraire, permettre d’exprimer notre personnalité.
Les gestes permettent :
D’ouvrir l’échange : mains tendues vers le public, bras ouverts, amplitude large
De faire vivre les mots : les gestes forment les images, traduisent les émotions
D’affirmer sa conviction : les gestes ponctuent les affirmations, donnent de l’intensité
Les expressions du visage
Les expressions du visage sont immédiatement perceptibles par les interlocuteurs. Le visage traduit les émotions de toute sorte, les interrogations, les tensions, etc….
Une communication est efficace s’il y a congruence :
Etre en accord entre ce qui est pensé et dit d’une part, et montré et ressenti d’autre part
La congruence rassure l’auditoire car ne laisse pas de place au doute sur le message transmis.
Comprendre n’est pas forcément être d’accord.
L’observation de la calibration permet, également, de distinguercomment est perçue l’information dite et véhiculée, de quelle façonest-elle acceptée et comprise.
Le regard
» J’entendrai des regards que vous croirez muets » Racine
Regarder l’auditoire, et encore plus, chaque personne composant l’auditoire, permet de maintenir l’attention.
Le regard posé sur un individu pendant la transmission d’un message permet de le solliciter à échanger, à obtenir un acquiescement, et tout simplement lui accorde une valeur et une position dans le groupe constituant l’auditoire.
Le regard établit une relation réciproque : il implique autant l’orateur que l’auditoire.
Un vrai regard est un regard direct, dont la durée est variable d’une personne à une autre. Il indique que la relation est connectée et est respectueuse.
Un orateur dont le regard ne fixe pas les individus dans le public à tour de rôle, est un orateur mal à l’aise.
Le regard donne de la présence à l’intervention, il précède les mots.
Le regard permet de sentir l’ambiance dans le groupe, de percevoir lesréactions, d’anticiper parfois même sur des questions, sur des objections. Il aide à relancer la dynamique du groupe.
Quelques règles :
- Accueillez chaque individu avec le même regard
- Placez-vous de manière à voir l’ensemble du public
- Avant de commencer, regardez le groupe en silence
- Pour un groupe important, regardez loin puis alternez les zones de regard pour prendre en considération chaque partie de l’auditoire
- Quand vous cherchez une idée, une réponse à une question ou objection, regardez le public
- Après avoir exprimé un point important, répondu à une question difficile, regardez le public en silence, en balayant chacun du regard mais pas en tour de table (alternez)
- Allez chercher le regard d’un participant quand vous vous exprimez, un » allié » de préférence et changez régulièrement d’interlocuteur
- Ponctuez vos affirmations par un regard intense suivi par un silence
- Repérer les changements d’attitudes, les hésitations, les réactions, etc…
La voix
La voix porte les mots et véhicule les émotions.
Mécaniquement, l’émission des sons se réalise en expiration et associe les poumons et le larynx. Le poumon agit comme une soufflerie et le larynx comme un vibrateur.
En passant par le larynx, le souffle pulmonaire est sonorisé et donne la voix.
La voix se forme sur l’expiration. Les cordes vocales viennent au contact l’une de l’autre et vibrent au passage de l’air expiré. Elles sectionnent la colonne d’air en bouffées successives, qui provoquent un bourdonnement dont la fréquence s’élève à mesure que s’accélère la vibration des cordes vocales. Ces vibrations émettrices de sons,résonnent dans les cavités de résonance de la voix. Ces cavités donnent les caractéristiques de la voix, son timbre. C’est au niveau du pharynx et des organes de la bouche que la voix est articulée.
Les caractéristiques de la voix :
Le volume :fort, moyen, faible : il dépend de la quantité d’air inspirée, de lapratique d’une bonne respiration abdominale et d’une synchronisation entre respiration et parole
La hauteur : aiguë, médium, grave : elle dépend du placement de la voix et du registre d’intonation utilisé
Le timbre :clair, moyen, rauque : Il dépend d’un souffle énergique, d’une bonne ouverture de la mâchoire et d’une bonne prononciation des voyelles
L’intonation : neutre, expressive. Elle dépend d’une implication réelle et d’une » théâtralisation » de la parole
Le débit : rapide, moyen, lent. Il dépend d’une bonne régulation du souffle et d’une bonne articulation
Il est impossible de connaître sa propre voix puisque la voix que l’on perçoit est la combinaison d’une conduction aérienne et osseuse, par le crâne.
Identifier sa voix | Sur quoi travailler |
Voix trop faible | Le souffle, la respiration abdominale |
Voix trop grave | Le placement de la voix, l’augmentation du volume |
Voix trop aiguë | Le placement de la voix, la baisse du volume |
Voix trop forte | Le souffle, le placement de la voix |
Voix trop rapide | L’articulation, le rythme avec pauses et silences |
Voix trop lente | La fluidité verbale, l’organisation préalable des messages pour éviter de s’écouter et penser au message |
Voix haletante | Le souffle, la synchronisation respiration / parole |
Fin de phrases inaudibles | Placement de la voix et le rythme |
Trouver le bon volume
L’intensité de la voix est la puissance avec laquelle on parle.Ceci est différent de la hauteur de la voix (élever dans les aigus). Levolume dépend de la portée que l’on souhaite donner à sa voix, donc dela distance à laquelle se trouve l’auditoire.
Trouver le bon registre
Parler haut est fatiguant à la fois pour l’orateur et pour le public. Ne pas forcer sa voix. Une voix bien placée est une voix qui ne fatigue pas.La voix traduit nos émotions. Dans une situation de tension, les cordes vocales le sont également et la voix monte dans les aigus. Dans d’autres cas, la voix peut perdre tous ses aigus et devenir très grave.
Moduler le timbre de la voix
Pour renforcer la perception d’un mot, d’une expression, on utilise des tonsd ifférents (ancres tonales). Ne pas enchaîner la phrase suivante sur le même ton, sous peine de fatiguer rapidement, ainsi que de fatiguer l’auditoire. Repartir toujours avec un ton plus bas que la fin de laphrase précédente (ne pas risquer une ascension entraînant un épuisement). Respecter un silence entre chaque phrase permet de placer sa voix sur un ton moyen confortable.
Régler le débit
Le débit est la vitesse à laquelle on parle. La moyenne en France est de 120 à 160 mots par minute.
Le seuil de compréhension d’un message est d’environ de 170 mots par minute. La peur, le trac précipitent généralement le débit.
Un débit rapide entraîne une mauvaise articulation et peut entraver une bonne compréhension du message. Il ne permet pas non plus à chacun d’intégrer l’ensemble des informations.
Un débit lent peut avoir un effet soporifique. Le risque est aussi de laisser penser à un manque de conviction dans les propos, ou à une non parfaite maîtrise du sujet.
Il est essentiel de régler son débit sur le groupe et non sur un individu. La capacité d’écoute d’un groupe est beaucoup plus difficile et lente que celle d’un individu.
Maîtriser les silences
Cela permet de régler le débit et tout simplement de respirer ! Les auditeurs, comme l’animateur, ont besoin de se recentrer sur le discours émis, de retrouver parfois de l’intérêt, de refixer leurs idées, leurs réflexions, de digérer l’information, …
La difficulté est de pratiquer le silence sans le verbaliser, c’est-à-dire en le traduisant par des » euh… » classiques !
Il ne faut pas confondre » silence » et » blanc » ! Le silence doit être volontaire et maîtrisé.
Articuler pour une bonne diction
L’articulationponctue le discours, donne le sens et la valeur à nos propos. Une bonnediction passe par une articulation dynamique. C’est l’articulation quiporte la voix.
La compréhension de votre message dépend de votre articulation. Plus l’articulation est bonne, moins il y a de risque d’interprétation du discours, de distorsion de l’information.
Il est possible de s’entraîner à articuler, en pratiquant régulièrement des exercices pour assouplir les mâchoires, les lèvres et la langue.
Le positionnement dans l’espace
Communiquer non-verbalement passe aussi par l’appropriation de l’espace dans lequel on intervient.
Dès les 20 premières secondes, le public se fait une image de l’intervenant par les messages non-verbaux véhiculés.
Faire de l’espace son territoire, c’est déjà, avant même de prendre la parole en public, favoriser sa communication. Connaître et » habiter « le lieu d’intervention, libère les gestes, favorise les déplacements et implicitement, facilite la gestion du groupe. S’approprier l’espace permet de mieux accueillir. Etre hôte et non visiteur…
Avant la prise de parole, idéalement :
- Repérer le lieu,la salle dans sa dimension, l’espace dédié à l’orateur, s’imprégner de l’atmosphère, des lumières, des bruits environnants, etc…
- Répéter des allers et venues dans toute la salle pour se projeter dans la perception des angles de vue du futur public et apprivoiser l’espace disponible
- Marquer son territoire par une prise de connaissance de la scène (partie dédiée) : marcher en avant et en arrière, d’un côté à l’autre, s’ancrer dans le sol, repartir, s’arrêter, etc…
Pendant la prise de parole :
- Trouver son espace de confort :pas de règle, chacun doit identifier son périmètre. La bonne distanceest celle qui n’induit pas de réaction de défense. L’amplitude desgestes se répartit dans cet espace personnel.
- Respecter l’espace nécessaire au public, ne pas rentrer immédiatement sur son territoire, laisser le temps à l’auditoire de s’installer physiquement et mentalement.
- S’enraciner dans le sol,se stabiliser, le mouvement se manifeste par les gestes, les déplacements sont au départ limités, du moins dans l’espace de confort
- Entrer dans l’espace du publicpeut faciliter l’adhésion au discours, la relation semble moins impersonnelle, l’échange est plus direct. Mais attention ! Cela ne se fait que lorsque l’on se sent suffisamment à l’aise avec l’auditoire et le sujet abordé. Se rapprocher de son public ouvre le débat, le public vous sent plus en situation de réception de message qu’en émission.Cela peut, également, être perçu comme une invitation au dialogue, mais aussi parfois comme une agression ! Ne pas se mettre en danger, ni autrui.
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INTELLIGENCE RELATIONNELLE, ÉCOUTE ET COMMUNICATION
2 jours – En présentiel ou à distance
- Disposer d’outils et de techniques pour communiquer et développer son intelligence relationnelle.
- Mieux comprendre et s’approprier les leviers de la communication.
- Savoir prendre du recul et se préserver.
Identification des distances intime, personnelle, sociale, et publique :
- Intime : jusqu’ à 40 cm. Zone de protection minimale, la respiration, la chaleur, l’odeur sont perceptibles
- Personnelle :de 70 cm à 1 m. L’espace est ouvert à ceux avec qui on échange de face à face. Convier un individu dans cet espace est une invitation à la communication
- Sociale : de 1 m à 3 m. C’est la distance des négociations, du travail en commun. C’est la distance type des échanges professionnels
- Publique :au-delà à de 3 m. La voix porte davantage, le contact physique est exclu.Les gestes, les postures et l’élocution sont renforcés. C’est la situation type de prise de parole en public