Interview de Jean-Pierre Chevillot, consultant en comptabilité

Cet article a été publié il y a 9 ans, 5 mois.
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Jean-Pierre Chevillot est consultant en comptabilité pour GERESO depuis quelques années. Diplômé d’expertise comptable et aujourd’hui en retraite active, il a développé une véritable expertise de la comptabilité, de la finance et de la gestion au cours de sa carrière : après 10 ans dans l’expertise comptable et l’audit pour des grands comptes, il a passé 10 ans dans des postes plus opérationnels de direction comptable et financière dans la grande distribution et l’industrie. Il a ensuite poursuivi sa carrière pendant encore dix années dans un cabinet leader international de la formation continue. Sa connaissance de la pratique comptable et de l’organisation des systèmes d’informations de gestion et du terrain lui a ensuite permis de se concentrer dans des activités de conseils et de formation depuis 2001. Jean-Pierre Chevillot a accepté de répondre à quelques questions sur l’évolution des métiers du chiffre ainsi que sur les formations qu’il anime pour GERESO :

Les formations en comptabilité doivent répondre aux évolutions concernant les métiers du chiffres
Les formations en comptabilité doivent répondre aux évolutions concernant les métiers du chiffres

Dans un premier temps, intéressons-nous à l’actualité des métiers du chiffre. Que pouvez-vous nous en dire, que ce soit en ce qui concerne la réglementation, les pratiques comptables sur le terrain et l’ambiance dans les services comptables ?

Les métiers de la comptabilité évoluent depuis une quinzaine d’années. Et d’ailleurs, cela ne fait que commencer.

Traditionnellement, les professionnels du chiffre étaient chargés de ce que l’on peut appeler « la comptabilité historique » dans les entreprises. Mais l’arrivée des ERP (progiciels de gestion intégrée), et donc de l’automatisation, a produit des changements organisationnels très importants.

Ce qui explique, entre autres, les exigences quelquefois un peu démesurées des dirigeants envers le responsable comptable. Ce dernier doit être un technicien de la comptabilité, mais aussi un expert de la réglementation comptable, de la fiscalité,et des normes internationales, mais aussi un manager d’équipe, un formateur, un facilitateur… Il doit aussi savoir faire des prévisions pour anticiper la réalisation des budgets. Le responsable comptable doit donc savoir communiquer, expertiser, optimiser et manager… ce qui est beaucoup pour un seul homme. Pour le dirigeant, l’objectif est simple : réduire les coûts, réduire les délais de production des résultats et améliorer la qualité. Mais il faut être réaliste : un seul homme ne peut pas prendre en charge toutes ces responsabilités.

Heureusement, depuis quelques années, on voit de plus en plus des équipes pluridisciplinaires se mettre en place dans les entreprises. Le responsable comptable est maintenant considéré comme un manager avant tout. Un chef d’orchestre qui gère une équipe composée de personnes avec des spécialités très différentes. Son rôle devient aussi de plus en plus stratégique, les dirigeants demandant de plus en plus souvent des prévisions et du contrôle, pour mettre l’entreprise hors-risques. Pour moi, le responsable comptable doit être au centre du système d’information de l’entreprise, et faire en sorte de maintenir l’entreprise hors-risques.

Ce qui évolue aussi, c’est la façon dont les responsables comptables se positionnent dans l’entreprise. Il est important que ces derniers s’ouvrent aux autres et qu’ils aillent sur le terrain, là où les choses se passent vraiment. Au final, le responsable comptable doit avoir des connaissances dans les différents services opérationnels de l’entreprise (RH, Achats, production, commercial, marketing…), ce qui lui permettra d’avoir un accès privilégié et direct  aux faits économiques et les traduire correctement dans le système d’informations comptables.

Revenons-en aux ERP. A cause ou grâce à ces logiciels, les dirigeants attendent du service comptable une instantanéité de l’information. Pourtant, je considère que c’est un grand danger, car si l’automatisation facilite la tâche des responsables comptables, il ne faut pas faire une confiance aveugle aux informations qui sortent des systèmes informatisés. Il faut continuer à contrôler et à remettre en cause les informations délivrées par les systèmes. Ce n’est pas pour rien que de nouveaux métiers, relatifs au contrôle, émergent de plus en plus ces dernières années. La qualité du contrôle interne mis en place permet de garantir la régularité et la sincérité des comptes.

Un autre point important sur l’évolution des métiers du chiffre concerne les professionnels qui font de la comptabilité sans être pour autant comptables. En entreprise, il n’est pas rare de déléguer des tâches comptables à des personnes qui ne le sont pas, c’est par exemple le cas du service des achats. Pour ces services opérationnels, il est important de mettre en place des formations, car ils ne comprennent pas toujours l’incidence que peuvent avoir les imputations comptables, budgétaires ou analytiques qu’ils font, alors qu’ils prennent pleinement part à la production des résultats comptables.

Mais même si ces dernières années, les métiers comptables ont beaucoup évolué, il reste encore énormément de travail. Il faut vraiment que les responsables comptables se recentrent dans l’entreprise : ils doivent se faire connaître, mieux communiquer avec les autres services, valoriser leurs compétences et leur métier pour, entre autres, attirer de nouveaux jeunes talents !

En résumé, selon vous, quelles sont les principales tendances des métiers de la comptabilité, de la gestion et de la finance ?

Pour résumer, je vois 3 principales tendances, à savoir l’émergence des métiers liés aux activités de contrôle, aux prévisions, et à la communication : contrôle des comptes, mise en place de procédures, contrôle interne, audit, communication financière…

Une autre tendance concerne la gestion de projet : si avant, les responsables comptables n’intégraient pas les équipes en charge des projets, c’est de plus en plus le cas. C’est pourquoi le responsable comptable doit acquérir les fondamentaux de la gestion de projet. Le responsable comptable doit être intégré dans les équipes projets, car tous les projets ont des conséquences financières.

Quelle est l’incidence de la crise économique sur les professions comptables ?

La crise économique est quelquefois un prétexte ! Du moins, il ne faut pas noircir le tableau ! Selon moi, la crise économique pourrait être l’occasion pour les professions comptables de faire des économies, d’innover, mais aussi de travailler mieux et plus vite avec moins de moyens, ce qui ne peut être que bénéfique. Regardez ce qu’il se passe à l’étranger ou même dans des entreprises françaises innovantes : il y a toujours des solutions à trouver ! La crise économique ne doit pas être un prétexte pour se plaindre du manque de moyens, mais au contraire pour se remettre en cause, innover, simplifier les procédures, les tâches, aller à l’essentiel !

Quelles formations animez-vous pour GERESO ?

Pour GERESO, j’anime quelques formations, à savoir :

 A l’avenir, il serait intéressant de prendre en compte l’évolution des métiers comptables pour créer de nouvelles formations innovantes, que ce soit pour les responsables du service comptabilité que pour les non-initiés ! Tous les collaborateurs d’une entreprise ont besoin de maîtriser les fondamentaux de la gestion.

Justement, parlons du public cible de vos formations. Qui est-il ? Des professionnels de la comptabilité qui veulent approfondir et mettre à jour leurs connaissances ? Des non comptables, non financiers ?

En ce qui concerne les formations en comptabilité que j’anime pour GERESO, ce sont principalement des collaborateurs comptables ou des responsables comptables désirant mettre à jour leurs connaissances ou les approfondir. Mais je suis persuadé qu’il est très intéressant que l’on propose des stages de comptabilité aux non-comptables qui travaillent dans des services comme les ressources humaines, le marketing ou la communication. Car après tout, eux aussi touchent à la comptabilité. Mais ils n’en comprennent pas forcément l’ensemble des tenants et des aboutissants.

Pour les professionnels de la comptabilité et même les autres, quel est l’intérêt de suivre une de vos formations ?

Selon moi, l’intérêt majeur est de se développer et d’acquérir de nouvelles compétences. En plus, les formations en comptabilité permettent d’échanger autour des meilleures pratiques professionnelles, que ce soit avec le consultant-formateur ou avec les autres stagiaires, ce qui est toujours très bénéfique.

Quelle est la valeur ajoutée de vos formations GERESO ?

La valeur ajoutée des formations en comptabilité GERESO est de permettre aux professionnels de repartir avec des outils opérationnels qu’ils pourront utiliser à leur retour à leur poste de travail pour mettre en place de nouvelles méthodes de travail. De nouvelles méthodes de travail qui permettront de simplifier les tâches, d’améliorer la qualité et de réduire les coûts de production. Et d’un point du vue purement personnel, le professionnel de la comptabilité ressort de la formation avec un enrichissement qui lui permettra de mieux rebondir dans sa carrière, et de transmettre à son tour ses connaissances pratiques.

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4 réponses pour Interview de Jean-Pierre Chevillot, consultant en comptabilité

  1. Des évènements ponctuels et des mutations progressives sont venus modifier les équilibres professionnels des métiers de la comptabilité: ils concernent tant le microcosme professionnel que l’environnement de la profession.

    On assiste en effet à une montée en puissance du droit européen qui est de plus en plus source du droit français dans le domaine économique et financier. En découle une complexification technique et l’accélération des réformes dans les domaines d’intervention de l’expert-comptable.
    Cette inflation législative tend à cantonner les experts-comptables dans des missions purement légales, d’où une nécessaire montée en compétence pour l’avenir de la profession (activités et relations de conseil, nouveaux métiers …). Enfin, parachevant ces évolutions, le secteur a dû intégrer la mise en oeuvre de la directive relative aux services dans le marché intérieur, acte fondateur d’une nouvelle profession sur les plans juridique et surtout culturel.

    Ces mutations culturelles ou législatives condamnent la profession à évoluer en entreprises de services sur des marchés concurrentiels, mutations culturelles, stratégiques et opérationnelles.

    Des métiers qui recrutent
    Le secteur des métiers comptables rassemble les activités:
    – d’enregistrement d’opérations commerciales pour les entreprises ou autres, l’établissement ou la vérification de comptes financiers;
    – d’examen des comptes et la certification de leur exactitude, l’établissement de déclarations fiscales pour les particuliers et les entreprises;
    – de conseil et de représentation (autre que la représentation juridique), pour le compte de clients, devant l’administration fiscale et l’activité dans des centres de gestion agréés.
    Ce secteur enregistre une hausse quasi continue de son volume d’emplois depuis 1993. L’effectif salarié total du secteur a augmenté de + 23 % en 15 ans, passant de 106 000 à 130 000 salariés.

    Évolutions clés de l’activité et des compétences
    Les métiers du domaine comptable et économique nécessitent aujourd’hui une maîtrise des techniques professionnelles pour aborder l’intégration de l’environnement de l’entreprise à des fins stratégiques et de conseil de ses dirigeants.
    Il convient aujourd’hui d’offrir des prestations à plus haute valeur joutée, convoquant l’habilité à interpréter les comptes et à les utiliser à des fins de gestion: expertise sur les technologies, relation de service et règlementation de la profession.
    L’accompagnement global des clients dans leurs activités professionnelles implique la recherche de profils de plus en plus généralistes et moins techniques (autres que ceux du chiffre), dotés d’une analyse et d’une connaissance globale des entreprises – notamment dans les cabinets de petite taille. Le développement des prestations de conseil nécessite une posture de service plus marquée, permettant de prendre en charge la relation client. Les cabinets recherchent également à développer les compétences commerciales de leurs collaborateurs Parallèlement, les cabinets souhaitent développer l’expertise de leurs effectifs en les spécialisant soit sur des offres, soit sur des secteurs clients. On note également le développement des besoins en compétences informatiques.

    Deux tendances lourdes apparaissent :
    – une tendance à la spécialisation, à l’activité de niche incluant des prestations sur mesure, organisée en entreprise de services (PME TPE);
    – ou à l’inverse, une tendance à l’intervention dans le cadre d’une stratégie dite «de masse», proposant des activités multiples et standardisées, structurées en centres comptables et financiers (Réseaux nationaux et internationaux).

    L’enjeu pour les organismes de formation de notre profession est de préparer des cadres comptables multi-structure pour permettre des passerelles et favoriser la mobilité et l’évolution professionnelles tout au long de la carrière.

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