Interview de Patrick Dussossoy : "Créer son entreprise, plus facile en 2015 qu'en 1995 !"

Cet article a été publié il y a 8 ans, 11 mois.
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Création d’entreprises, rachat et restructuration de sociétés… Patrick Dussossoy n’est pas un débutant en la matière. Ancien PDG, ayant dirigé 5 PME en 30 ans, il a débuté une activité de conseil auprès des PME il y a 4 ans et a publié deux ouvrages aux Editions GERESO : «  50 étapes pour créer sa petite entreprise » et « 150 attitudes pour piloter votre PME ». Sa force ? Conjuguer sa grande expérience du terrain avec une formation théorique très complète dans ses ouvrages et dans son activité de consultant auprès des entrepreneurs. Il a accepté de répondre à quelques questions, à l’occasion de la réédition de son ouvrage « 150 attitudes pour piloter votre PME ».

Etre entrepreneur en 2015
Etre entrepreneur en 2015

Comment se porte la création d’entreprise en France ?

Avec la crise économique, le monde de l’entreprise devient de plus en plus violent, ce qui pousse les salariés à vouloir créer leur propre société. La création d’entreprise fonctionne bien en France : elle est à un niveau élevée, malgré une légère baisse de la micro-entreprise début 2015.

Plusieurs éléments peuvent expliquer cette situation :

  • Le climat économique et politique est favorable à la création d’entreprise. Le statut  d’auto-entrepreneur y a beaucoup contribué.
  • La vision de l’entreprenariat est beaucoup plus positive qu’avant : l’environnement familial et amical ne voit plus d’un mauvais œil la création d’entreprise, l’objectif étant plus positif : se réaliser pleinement dans un métier et pas seulement devenir patron pour s’enrichir au dépend des salariés.

D’après vous, est-il plus difficile de créer son entreprise en 2015 qu’il y a 20 ans ? Pouvez-vous nous expliquer pourquoi ?

Non, au contraire, il est plus facile de créer son entreprise en 2015 :

  • La naissance du statut d’auto-entrepreneur en 2008 qui rend facile la création est un gros progrès qui a permis à un grand nombre de personnes de se lancer
  • Le fait, avec ce statut, de ne payer des charges sociales que si vous réalisez un chiffre d’affaires est aussi une grande avancée.
  • Pôle Emploi a aussi créé des outils très pertinents pour faciliter le parcours de créateur et aider à financer son projet.

Il y a 20 ans, la création d’entreprise était particulièrement décourageante, il fallait être un aventurier pour se lancer :

  • Les démarches administratives étaient compliquées et peu de structures accompagnaient les créateurs d’entreprise.
  • Les charges sociales étaient à payer souvent avant même de pouvoir produire du chiffre d’affaires, ce qui était difficilement tenable d’un point de vue financier.

Un business plan précis est-il réellement indispensable ? A l’heure du web et des aléas économiques, la prévision à long terme est-elle toujours aussi pertinente ?

Le business plan est indispensable, même pour une petite entreprise. Et contrairement à ce que l’on pourrait penser, c’est essentiel pour le créateur, avant de l’être pour le banquier. Avant de lancer une entreprise, il faut vérifier la faisabilité du projet, sa rentabilité. Il faut avoir une vision sur l’avenir, savoir où on veut aller. Tout en comprenant bien que tout ne se passera pas comme prévu, et qu’il sera essentiel de savoir se remettre en cause, parce que l’environnement est en perpétuel changement.

Étape cruciale lors d’une création d’entreprise : convaincre un banquier de nous faire confiance. Quels sont vos conseils ?

Je donnerai 3 conseils à un jeune entrepreneur qui veut convaincre sa banque d’investir dans son projet :

  1. Etre soi-même convaincu de son projet et de sa faisabilité économique. Il faut démontrer qu’atteindre le point d’équilibre est possible. D’où l’intérêt de bien travailler son business plan.
  2. Ne pas être trop optimiste dans ses prévisions pour être certain d’atteindre facilement ses objectifs et ce, même si l’on est convaincu que l’on pourra faire mieux.
  3. Ne jamais mentir à son banquier. Il faut qu’une relation de confiance s’installe et pas seulement lors du lancement du projet : le banquier sera là aussi lors du développement de la société.

Que pensez-vous du système de crowdfunding (financement participatif) pour financer son projet ?

C’est un système intéressant, car il permet de rester indépendant financièrement de sa banque, qui peut remettre en cause une relation à tout moment. Au contraire, des actionnaires qui vous ont fait confiance au départ seront engagés pour leur apport financier. Ils seront donc portés à vous soutenir, à partager les risques, et les difficultés si elles surviennent. Cependant, le crowdfunding prend du temps à la création, et ensuite, parce que les partenaires seront plus exigeants en termes de retour d’information, reporting, et visibilité sur leur retour sur investissement : il faut le savoir avant de se lancer dans cette voie.

Quelles sont les qualités d’un bon créateur d’entreprise ?

Déjà, il faut savoir que sauf exception, on ne nait pas créateur d’entreprise. On le devient avec l’expérience. Pour réussir, il faut d’abord avoir une envie forte de s’impliquer dans un projet, d’entreprendre dans le sens complet du terme.

Selon moi, le créateur d’entreprise doit avoir les qualités suivantes : être capable de s’engager totalement, être un leader plus qu’un manager, être courageux, savoir décider, se remettre en cause, prendre des risques et être persévérant. Et mieux vaut être optimiste, parce que le métier s’il est enthousiasmant, n’est pas de tout repos.

Si vous deviez retenir 3 étapes majeures de la création d’entreprise sur les 50 présentées dans votre livre ? Un conseil pour chacune de ces 3 étapes ?

  1. Le préalable « Qui suis-je ? » est très important : l’idée est de savoir positionner son projet par rapport à ses objectifs personnels. Commencer par se dire « pourquoi je veux me lancer et où est-ce que je veux aller ? ». Déterminer si vous êtes compétent pour le job, si vous avez des dispositions pour devenir un leader. C’est essentiel de répondre à ces questions avant le départ.
  2. La stratégie (chapitre 4) : il faut s’assurer que le modèle économique retenu va fonctionner, qu’il sera rentable. Une bonne idée ne suffit pas. Il faut se bâtir une stratégie complète avec un positionnement, une cible et surtout un avantage concurrentiel qui vous donneront les chances de réussir. Et bien évidemment, après, il faut aussi se tenir à cette stratégie.
  3. Le compte d’exploitation (chapitre 31) : sa prévision qui permet de calculer un point d’équilibre est fondamentale, surtout pour une petite entreprise que le banquier lâchera facilement en cas de difficultés. Pas la peine de se lancer si l’on n’est pas convaincu d’avoir une bonne chance de couvrir ses frais fixes rapidement. Je conseille toujours au créateur d’avoir en tête le niveau de chiffre d’affaires qu’il doit atteindre chaque mois pour parvenir au point d’équilibre.

Quelle est la valeur ajoutée de votre ouvrage ?

Il s’agit d’un des rares ouvrages écrit par un entrepreneur qui a vraiment créé et dirigé des entreprises et des hommes. Un leader qui a l’expérience du terrain. Tout au long de mon parcours, j’ai connu de belles réussites, mais j’ai fait aussi des erreurs et j’ai dû trouver des solutions. J’ai partagé ces expériences avec beaucoup d’hommes et de femmes. Ceci me permet maintenant de faire profiter de mon expérience des créateurs et des entrepreneurs, jeunes et moins jeunes.

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