Le tutorat : guider et accompagner

La formation en alternance constitue une réelle plus-value pour les jeunes étudiants. Ils peuvent ainsi mieux appréhender la réalité du monde du travail, que ce soit dans le domaine public ou privé. Cependant, l’accompagnement adapté d’un tuteur est nécessaire pour optimiser ce dispositif. Il est identique dans le cadre d’un contrat d’apprentissage ou de qualification. Il exige les mêmes missions, activités et compétences.

Le tutorat : Guider et accompagner
La mission de tuteur est bien encadrée par le Code du travail et fait appel à des compétences et une organisation spécifiques

Le cadre législatif du tuteur d’alternance

Plusieurs articles du Code du Travail précisent le rôle du tuteur.

Les articles L6223-5, L6223-6, L6223-7, L6223-8, L6223-8-1 fournissent plusieurs éléments :

  • La personne directement responsable de la formation de l’apprenti et assumant la fonction de tuteur est dénommée : Maître d’apprentissage ;
  • Il a pour mission de contribuer à l’acquisition par l’apprenti des compétences correspondant à la qualification recherchée et au titre ou diplôme préparés avec le centre de formation ;
  • La fonction tutorale peut être partagée entre plusieurs personnes ;
  • L’employeur permet au maître d’apprentissage de dégager sur son temps de travail les disponibilités nécessaires à l’accompagnement de l’apprenti et aux relations avec le centre de formation ;
  • II doit également veiller à ce que le tuteur bénéficie de formations pour exercer correctement sa mission et de suivre l’évolution du contenu de celles dispensées à l’apprenti et des diplômes qui les valident ;
  • Le maître d’apprentissage doit appartenir à la structure, être majeur, volontaire et offrir toutes les garanties de moralité.

L’article R6223-6 indique que le nombre maximal d’apprentis peut être de deux et de manière simultanée.

Enfin l’article D6325-7 détermine les missions du maître d’apprentissage :

  • Accueillir, aider, informer et guider les bénéficiaires ;
  • Organiser, avec les personnes intéressées de l’établissement, l’activité de ces bénéficiaires et contribuer à l’acquisition des savoir-faire professionnels ;
  • Veiller au respect de l’emploi du temps des jeunes étudiants ;
  • Assurer la liaison avec l’organisme ou service chargé des actions de formation et d’évaluation;
  • Participer à l’évaluation du suivi de la formation. 

Tutorat : définition et objectifs

Le tutorat est une relation entre deux personnes dans une situation formative, un professionnel et une personne en apprentissage d’un métier.

Il a pour objectif de :

  • Faciliter l’intégration et la coopération intergénérationnelle ;
  • Transmettre les compétences nécessaires à l’exercice d’un métier, d’une activité  et les valeurs d’un établissement ;
  • Capitaliser les bonne pratiques et valoriser les compétences d’un agent/salarié détenant une expertise ;
  • Formaliser les outils, méthodes de travail et les bonnes pratiques ;
  • Organiser des dispositifs de transfert pour éviter la perte de compétences.

L’engagement des acteurs dans le tutorat

La direction doit :

  • S’engager à intégrer le tutorat dans sa politique de Ressources Humaines ;
  • Veiller à la bonne application des critères de sélection dans le choix des tuteurs ;
  • Former et professionnaliser les tuteurs en fonctions des profils et expériences ;
  • Valoriser et promouvoir le tutorat dans l’organisme.

L’encadrement s’engage à :

  • Sélectionner le tuteur en concertation avec la direction et le service de Ressources Humaines parmi les volontaires ;
  • Prévoir et organiser les moyens nécessaires à la mission tutorale ;
  • Formaliser la mission du tuteur (objectifs, organisation, aménagement du temps de travail…) ;
  • Accompagner, soutenir et faciliter le travail du tuteur ;
  • Réaliser des points d’étape réguliers avec le tuteur sur sa mission et la progression du tutoré ;
  • Evaluer les résultats obtenus par le tutoré en termes d’intégration, acquisition de compétences en concertation avec le tuteur ;
  • Evaluer l’ensemble du dispositif, les moyens et ressources mobilisés ;
  • Valoriser et reconnaître la mission tutorale dans les activités et compétences du tuteur, en l’intégrant notamment lors de l’entretien annuel d’évaluation du tuteur.

Le tuteur va :

  • Mobiliser les personnes ressources et créer des situations d’apprentissage nécessaires à la progression du tutoré ;
  • Faire le point avec le manager sur les besoins du tutoré ;
  • Assurer un retour régulier au tutoré sur sa progression ;
  • Participer à l’évaluation des progrès et acquis du tutoré avec le manager ;

Le tutoré devra :

  • S’impliquer dans la mise en œuvre du dispositif ;
  • Être proactif dans son parcours d’apprentissage et mettre tout en œuvre pour acquérir les compétences nécessaires ;
  • Mener à bien sa mission en tenant compte des informations et recommandations de son tuteur ;
  • Réaliser les activités qui lui sont conférées et en rendre compte à son tuteur ;
  • Solliciter son tuteur et l’alerter en cas de difficultés ;
  • Rendre compte de sa progression à son tuteur et manager.

L’organisation du tutorat

Les tuteurs sont choisis en fonction de leur professionnalisme, expertise, motivation, connaissance de l’organisme et de son fonctionnement et leurs capacités à transmettre leurs compétences et évaluer le travail fourni.

C’est pour ces raison qu’il est intéressant de prioriser les seniors.

Le manager ne peut pas tenir le rôle de tuteur car les finalités sont différentes ;

Le tuteur organise la formation dans l’établissement, il va :

1/ Identifier la charge de travail et planifier le temps consacré à la mission tutorale

Par exemple, il peut prévoir trois temps forts dans la semaine : le lundi matin pour communiquer les activités à réaliser, le mercredi matin pour faire un point d’étape et le vendredi après-midi pour évaluer le travail fourni.

Cette dernière peut se décliner en exercice pratique, type mise en situation ou par une évaluation écrite, avec un Questionnaire à Choix Multiples.

2/ Formaliser les objectifs pédagogiques, les activités nécessaires, les moyens alloués, les acteurs et partenaires, le calendrier, les freins, les contraintes et le dispositif d’évaluation

Cela peut se formaliser dans un document type gestion de projet avec un plan d’action détaillé (actions, rétro-planning, outils et méthodes, grilles d’évaluation, acteurs…).

3/ Mettre en œuvre le plan d’action élaboré et l’évaluer

Tout au long du tutorat, il devra évaluer régulièrement le dispositif qu’il a mis en place pour identifier d’éventuels dysfonctionnements et les résoudre rapidement avec des actions correctives.

Pour réaliser ce travail en amont sans difficultés, le tuteur peut s’aider d’outils pertinents tels que : organigramme, référentiel métier/compétences/formation, fiche métier, fiche de poste, plan de formation, fiche de procédure interne…

Exercer un tutorat : quelles sont les compétences nécessaires ?

Les tuteurs doivent disposer de nombreuses compétences pour mener à bien leurs missions.

Au-delà des savoirs et savoir-faire techniques, ils doivent posséder des capacités pédagogiques aigues, de grandes qualités relationnelles et une autorité naturelle.

Ils doivent également maîtriser les bases, outils et techniques en : communication, gestion des conflits, pédagogie, ressources humaines, gestion de projet, démarche qualité, théorie de la motivation et des attentes…

Une formation dédiée au tutorat est primordiale pour être performant et efficace dans cette mission.

Ce qui se révèle particulièrement difficile est la construction d’une séquence pédagogique qui doit comprendre :

  • Le ou les objectifs pédagogiques : par exemple : Etre capable de mettre en forme un courrier sur Word selon les règles dactylographiques et la charte graphique de l’établissement.
  • La séquence d’apprentissage : lLe tuteur réalise un courrier avec l’apprenti en lui donnant toutes les indications nécessaires, en guidant, en répondant aux interrogations…
  • La séquence d’entraînement : lLe tuteur confie un certain nombre de courriers à réaliser pendant la semaine.
  • La séquence d’évaluation : le tuteur fait réaliser un exercice avec des consignes précises : « Vous devez mettre en forme ce courrier selon les règles dactylographiques et la charte graphique de l’établissement le plus rapidement possible »

Il établit une grille d’évaluation avec plusieurs critères et un nombre de points affiliés à chaque :

Temps de réalisation : 5 mn, 2 points, 10 mn, 1 point, plus de 10 mn, 0 points.

Nombre de fautes d’orthographe, de dactylographie…

Il est conseillé d’évaluer cette épreuve avec 20 points afin de pouvoir le traduire en note scolaire plus aisément.

Conclusion

Le tutorat réalisé doit être évalué pour le faire évoluer et ne pas reproduire les mêmes erreurs avec des indicateurs tels que réussite de la formation, taux d’absentéisme…

La difficulté est que ce dispositif est inscrit dans une logique d’acquisition de compétences alors que la structure est dans une logique de production.

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