QVT : quels sont les secteurs d’activité où l’on se sent le mieux au travail ?

Rémunération, conditions de travail, intérêt des missions… Quels sont les domaines d'activité qui sont aujourd’hui les plus agréables en matière de qualité de vie au travail ? Et comment la prise en charge de la QVT a-t-elle évolué, au fil du temps ?

QVT : quels sont les secteurs d’activité où l’on se sent le mieux au travail ?
La qualité de vie au travail, c'est l'art de créer un environnement où le bien-être, l'épanouissement et la satisfaction des employés sont les fondations de la réussite professionnelle.

Les 3 grands temps de la QVT

La QVT (Qualité de Vie au travail) est une notion majeure du monde de l’entreprise actuelle, qui cherche (parfois désespérément) à attirer et retenir ses talents. Si le terme est né il y a plus de 50 ans, lors d’une conférence à New-York, cela fait moins de 10 ans que les entreprises françaises s’en préoccupent de manière approfondie.

Les besoins en QVT ont évolué en fonction des desideratas des entrepreneurs et de leurs collaborateurs. Comme l’explique Hervé RIOCHE, responsable marketing chez GERESO, organisme de formation continue spécialisé en ressources humaines, management et développement personnel, l’histoire de la QVT peut s’appréhender en 3 temps.

Dans les années 90, la première mission d’un dirigeant d’entreprise était de faire en sorte que tous ses salariés rentrent chez eux le soir en bonne santé. La QVT se résumait alors aux fondamentaux de la Santé et de la Sécurité au Travail.

« En matière de santé et de sécurité, les entreprises étaient surtout contraintes et focalisées sur leurs obligations légales : que dois-je faire a minima pour préserver l’intégrité physique de mes salariés, pour qu’il y ait le moins d’accidents du travail possible ? Les entrepreneurs étaient portés par une vision profondément économique, avec un lien fort entre réduction des accidents et productivité de l’entreprise. »

Le second temps, qui s’articule autour du début des années 2000, prend en compte les RPS et la santé mentale. Avec le développement de la tertiarisation de l’activité entrepreneuriale et la baisse de l’activité industrielle, de nouveaux risques apparaissent : les risques psychosociaux.

Les mentalités évoluent, se détachent du volet financier et de la nécessité de réduire les accidents. On se focalise de plus en plus sur le fait de maintenir ses collaborateurs en bonne santé, mentale notamment, afin qu’ils se sentent au mieux dans leurs équipes, ce qui a pour effet bénéfique d’améliorer l’engagement et la production.

Enfin, ces 10 dernières années, est apparue comme composante capitale de la QVT la construction d’une marque employeur forte. « Aujourd’hui, avec des taux de chômage très bas et une pénurie de candidats sur de nombreux métiers en tension, c’est aux entreprises de séduire leurs futurs collaborateurs. Cela passe par l’élaboration et la communication autour d’actions de QVT. La QVT n’est plus uniquement un impératif légal. Elle est devenue une des composantes essentielles de la politique RH des entreprises, pour pouvoir attirer des talents et les fidéliser. Et le baby-foot dans le hall d’accueil de l’entreprise ne suffit plus ! Toutes les actions artificielles ou relevant du « happy washing » à des fins de marketing RH uniquement seront détectées et rejetées par les candidats. Les actions de QVT doivent être réelles, sincères et porteuses de sens pour les salariés. »

Le responsable RH, devenu porteur de la politique QVT de son entreprise

Si le chef d’entreprise fut longtemps le garant de la santé et de la sécurité au sein de sa société, c’est désormais les services RH et les managers qui se retrouvent au cœur de l’application d’une bonne politique de QVT.

Pourquoi ? Parce que la QVT vient désormais, en arrière-plan, ressouder, recréer un lien social entre les salariés ; et finalement aussi créer des projets d’entreprise et porter les valeurs des entreprises. Et ce sont les responsables RH qui viennent alors créer du lien et recréer de la valeur humaine avec ce volet qualité de vie au travail.

Comme le souligne Hervé RIOCHE : « Les actions de QVT, dans le sens où elles fédèrent les salariés et les font agir ensemble pour le bien-être commun, contribuent à la culture d’entreprise. Par exemple, des actions de team building, des ateliers de réflexion sur l’organisation des équipes,  l’aménagement des bureaux, la participation des salariés à une compétition sportive ou des entretiens RH réguliers… La QVT vient créer du lien social, du sens et de l’engagement quand l’organisation peut être défaillante sur ces points, ou quand le métier de l’entreprise n’est pas suffisamment valorisant. »

3 bons leviers de la QVT

S’il n’existe pas de formule magique pour créer la politique de QVT parfaite, certains leviers peuvent aider à optimiser la mise en place d’une QVT réussie.

Le plus important dans la QVT est de commencer par travailler les fondamentaux au sein de l’entreprise : une rémunération intéressante, un contrat clair et à l’avantage du salarié, un fort intérêt du poste et des missions, des possibilités de mobilité interne..

Pour les jeunes générations, une possibilité de flexibilité dans les horaires et le lieu de travail peut également fortement compter. Très rapidement, il faut pouvoir leur proposer du télétravail, de la souplesse dans leur organisation de travail. Il n’est plus possible aujourd’hui dans des organisations, surtout dans le monde des services, d’imposer des horaires trop stricts et peu logiques de façon unilatérale. Il faut toujours pouvoir justifier le pourquoi de certaines décisions en termes d’horaires et de présence au bureau.

Les bonnes relations entre salariés jouent autant qu’une politique affichée de QVT. Ainsi que des relations saines employé-entreprise. Les collaborateurs attendent que la direction d’entreprise soit véritablement engagée et présente dans leur vie professionnelle, qu’elle leur transmette des directives et une feuille de route claire.

Si les jeunes générations sont sensibles aux valeurs et aux missions engagées d’une entreprise, il faut faire très attention au greenwashing. Les Générations Y et Z sont beaucoup moins dupes que l’on ne le pense sur la volonté réelle des entreprises en RSE.

Hervé Rioche insiste également sur l’importance de bénéficier d’un vrai diagnostic de la QVT dans son entreprise. « Avant d’agir, il faut réaliser un état des lieux qui soit le plus précis et objectif possible. Où en sommes-nous ? Quelles actions ont déjà été mises en œuvre ? Pour quels résultats ? Quelles sont les attentes des salariés ? Dans ce domaine comme dans beaucoup d’autres, il est essentiel de passer de «  la croyance à la mesure ». L’état réel du moral des salariés peut être bien différent de la perception qu’en ont les services RH ou la Direction de l’entreprise. Cet audit, si possible réalisé par un prestataire extérieur neutre, peut être douloureux, mais il est nécessaire, afin de ne pas partir sur une mauvaise voie en s’engageant des actions qui ne sont pas réellement souhaitées par les salariés. »

Enfin, il est fondamental de bien comprendre que c’est l’activité qui va porter la QVT et non l’inverse. « La qualité de vie au travail est directement corrélée à la santé économique de l’entreprise. C’est dans les entreprises qui «  tournent bien » que l’on trouve les salariés les plus heureux au travail. Et c’est logique ! La croissance de l’entreprise est synonyme de recrutements, d’augmentations de salaire, de distribution de primes et de participation, d’opportunités de mobilité interne, de clients satisfaits… Cela rejaillit évidemment sur la santé morale des collaborateurs. Intégrer de la QVT dans une entreprise qui va mal ne va malheureusement pas beaucoup aider. »

Quels domaines et métiers sont « privilégiés » en termes de QVT ?

Les enquêtes sur les métiers / les domaines d’activité qui rendent le plus heureux se sont succédées au fil des années. Depuis 2015, par exemple, le HappyIndex®AtWork liste toutes les entreprises dans lesquelles il fait bon travailler.

En 2017, une enquête de Happy At Work avait souligné que certains secteurs professionnels étaient plus de nature à motiver les travailleurs : le conseil, la communication, la santé, la restauration, le transport et le juridique. Parmi les emplois les plus motivants, l’on trouvait alors mathématicien, architecte, chargé de communication, chef de groupe marketing et chargé de ressources humaines.

En 2023, selon une autre enquête de Futura Sciences, l’on trouve toujours en tête les chercheurs, mais aussi les sportifs, les médecins, les psychologues, les journalistes et les artistes.

Du côté des entreprises où il fait bon travailler, le Palmarès Great Place To Work 2023 a mis en avant de belles entreprises de technologie – Mirakl, Voodoo, Contentsquare, mais aussi un ­hypermarché E. Leclerc, la société d’avocats Jaberson ou RTE, le réseau de transport d’électricité.

Des entreprises bien différentes, donc. En effet, comme le confirme Hervé Rioche, quand on se questionne sur les politiques «  gagnantes » de QVT, ce n’est pas forcément au sein de secteurs d’activités particuliers qu’il faut chercher, mais plutôt dans des typologies d’entreprises particulières.

« Dans le tertiaire et les grandes entreprises, on peut dire qu’il y a une meilleure qualité de vie au travail, des meilleures conditions : les rémunérations peuvent être plus élevées, plus de télétravail, une meilleure prise en charge de la santé (congé maternité, paternité, maladie…), des possibilités de mobilité interne… Le monde de la banque et des assurances, par exemple, offre souvent des contrats qui prévoient déjà plus de jours de congés que le minimum légal. Ces avantages sociaux sont souvent le fait de grandes entreprises dans lesquelles le dialogue social est ancien et bien ancré, ou de vieilles entreprises qui ont su conserver leur côté familial malgré leur développement. »

Ici encore, les secteurs qui ont mis en place une politique QVT de façon préventive et non curative sont ceux qui se portent le mieux, financièrement parlant et aussi en termes de relations salariés-employeur.

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QVT et métiers en 2030 : quelle réalité ?

Quels pourraient être les métiers les plus appréciés pour leur Qualité de Vie au Travail dans les années à venir ? Le rapport de France Stratégies et de la DARES sur les métiers en 2030 nous offre quelques pistes de réflexions.

Si 85 % des métiers de 2030 n’existent pas encore, les chercheurs imaginent que parmi les métiers en plus forte expansion en 2030 (et qu’il faudra alors particulièrement travailler en termes de QVT), l’on trouverait : les cadres du bâtiment et des travaux publics (+30 %), les ingénieurs informatiques (+26 %), les métiers de la santé (+32 % en tout) et les ingénieurs et cadres de l’industrie (24 %).

Les secteurs qui seront alors les plus dynamiques et peut-être les mieux lotis en termes de QVT seraient ainsi : la santé, les activités juridiques, comptables et de gestion ainsi que le secteur de la construction et du BTP.

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