IA et formation : comment les responsables RH repensent leur plan de développement des compétences

86% des étudiants français ont déjà mis les mains dans l'IA générative. Pendant ce temps, moins de 20% des formateurs en entreprise osent franchir le pas. Ce décalage vertigineux pose une question gênante aux responsables RH : et si vos collaborateurs maîtrisaient déjà mieux l'IA que vos dispositifs de formation ?
Le chiffre fait réfléchir : 74% des professionnels de la formation considèrent l'IA comme un simple outil complémentaire. Mais dans les coulisses, certaines entreprises ont déjà basculé. Elles ne se contentent plus de saupoudrer quelques webinaires sur ChatGPT. Elles repensent radicalement leur plan de développement des compétences, créent des fonctions inédites comme les "AI Champions", et transforment l'acculturation en réflexe quotidien.
Comment ont-elles fait ? Quelles méthodes fonctionnent vraiment sur le terrain ? Plongée dans les coulisses de ceux qui ont osé revoir leur copie en termes d’IA et de formation.

IA et formation : comment les responsables RH repensent leur plan de développement des compétences
Quand l’IA devient un réflexe quotidien, la formation se transforme en véritable accélérateur de compétences.

Le constat : un écart qui se creuse entre usage individuel et stratégie formation 

Les chiffres dessinent un paradoxe embarrassant. D’un côté, 90% des lycéens utilisent l’IA générative pour leurs devoirs, 55% des étudiants du supérieur y ont recours au moins occasionnellement. De l’autre, 80% des enseignants français affirment n’avoir reçu aucune formation spécifique à l’IA.

En entreprise, le fossé se creuse différemment. L’usage de l’IA décroche brutalement après 35 ans : elle est délaissée par les deux tiers ou plus dans toutes les classes d’âge en milieu professionnel. Pendant que les juniors testent, bidouillent, expérimentent dans leur coin, les plans de formation restent englués dans des logiques de sensibilisation généraliste.

Le risque ? Des pratiques sauvages qui se multiplient sans cadre éthique ni gouvernance. Des collaborateurs qui prennent de l’avance pendant que les RH courent derrière. Une fracture générationnelle qui s’installe durablement dans les compétences numériques.

L’opportunité manquée aussi : ce marché de l’IA en formation professionnelle pourrait transformer radicalement la manière dont on développe les compétences. À condition d’arrêter de regarder le train passer.

 Welcome to the Jungle : la méthode des « AI Champions » pour démocratiser l’IA 

Chez Welcome to the Jungle, ils ont compris qu’on ne transforme pas une entreprise en bombardant les équipes de formations magistrales. 

Depuis mi-2025, leur approche repose sur cinq piliers : une équipe AI Transformation intégrée à l’IT, un programme de champions IA avec engagement managérial fort, un plan de formation structuré, un suivi rigoureux de l’adoption, et le développement de solutions sur-mesure.

Le génie du dispositif ? Les « AI Champions ». Ils ne sont pas des geeks illuminés ni des évangélistes du tout-IA. Ce sont avant tout des pédagogues. Leur mission : tester les outils, créer des cas d’usage concrets pour leur métier, et surtout accompagner leurs collègues dans la montée en compétences. Pas de discours incantatoire sur la révolution qui arrive. Juste du pragmatisme : « Regarde, pour ce rapport mensuel qui te prend trois heures, voilà comment gagner du temps. »

Tous les mois, des sessions internes d’une heure permettent de partager les usages, les tests, les créations d’agents d’IA. L’objectif n’est pas de former des experts mais de faire de l’IA un réflexe quotidien plutôt qu’un outil ponctuel sorti uniquement pour épater en réunion.

Les résultats parlent d’eux-mêmes : 82% d’utilisation mensuelle des outils IA, 56% d’utilisateurs hebdomadaires actifs. Mais le chiffre le plus révélateur reste celui-ci : près de 50 collaborateurs ont créé au moins un agent d’IA personnalisé. Preuve que la transformation ne se décrète pas d’en haut mais s’enracine quand on donne aux équipes les moyens de se l’approprier.

Cette démarche illustre une rupture : on passe d’une logique de formation descendante à une dynamique d’apprentissage pair-à-pair, où ceux qui testent transmettent à ceux qui hésitent encore.

 Les grands groupes passent de l’expérimentation au déploiement stratégique

Doctolib, L’Oréal, Renault, Orange : ces géants français ont franchi le cap de l’expérimentation. Fini les pilotes timides dans un coin du siège. Ils déploient désormais de véritables plans stratégiques de formation à l’IA, tous métiers confondus. Marketing, RH, opérations, finance : personne n’échappe à la bascule. La priorité porte sur la montée en compétences réelles, avec des modules d’application quotidiens adaptés à chaque filière et une mise en pratique immédiate.

La personnalisation par secteur devient la norme. Webedia, Accor, Les Échos – Le Parisien ont construit des parcours métiers ultra-ciblés. Dans les médias, l’accent porte sur la rédaction automatisée, la génération de visuels, l’optimisation SEO avec des IA comme ChatGPT ou Perplexity AI. 

Dans l’hôtellerie, c’est la personnalisation de l’expérience client et l’optimisation des opérations qui priment. Chaque secteur traduit l’IA dans son langage opérationnel.

Le modèle des « Écoles IA » change aussi la donne. Microsoft s’associe à Simplon pour proposer des parcours permettant d’intégrer des publics variés, salariés compris, à la construction de compétences IA sur-mesure. Le dispositif, soutenu par plus de 300 partenaires employeurs, mise sur le 100% opérationnel. Exit les concepts théoriques, place aux ateliers, formations-actions et certifications qui collent aux réalités métiers.

Le tournant stratégique ? Ces entreprises visent désormais à former plus de la moitié de leurs collaborateurs aux outils IA clés d’ici 2026. La formation devient un investissement massif dans le budget formation, pas une ligne budgétaire qu’on ajuste à la baisse quand ça coince.

L’AI Act comme cadre structurant pour professionnaliser les pratiques 

L’AI Act, entré en vigueur en août 2024, aurait pu être vécu comme une contrainte de plus. Il devient au contraire un levier de structuration pour les entreprises qui savent en jouer. Le règlement européen impose des obligations précises : transparence sur les algorithmes utilisés, gestion des risques, protection des données personnelles, contrôle humain sur certaines décisions automatisées.

Résultat ? Les RH ne peuvent plus se contenter de déployer n’importe quel outil IA dans leurs parcours de formation. Ils doivent formaliser les usages, choisir des solutions conformes, documenter les processus. Cette exigence crée paradoxalement un cadre rassurant pour les collaborateurs : l’IA n’est plus ce truc flou qui échappe à tout contrôle, mais un dispositif encadré, éthique, respectueux des droits.

L’AI Act pousse aussi à renforcer la gouvernance interne. Des commissions IA dédiées émergent, comme celle de France compétences, pour structurer une offre de formation transversale, certifiée et financée. Les entreprises performantes anticipent ces contraintes réglementaires en acculturant leurs équipes à l’IA sous ce nouveau prisme : innovation oui, mais responsable. Personnalisation oui, mais avec contrôle humain. Automatisation oui, mais sans biais algorithmiques incontrôlés.

Le cadre légal cesse d’être un frein pour devenir un accélérateur de confiance.

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  • Intégrer l’IA dans les processus de conception, d’animation et d’évaluation de formation.

Conclusion 

L’IA transforme le rôle du responsable formation. Plus question de se contenter d’acheter quelques places sur des MOOC généralistes. Les entreprises qui réussissent leur bascule partagent trois conditions de réussite : une structuration méthodique du déploiement (comme les AI Champions de Welcome to the Jungle), un accompagnement terrain qui fait de l’IA un réflexe quotidien plutôt qu’un gadget, et une gouvernance renforcée qui rassure autant qu’elle encadre.

Le marché parle de lui-même : estimé à 8,30 milliards de dollars en 2025, il devrait atteindre 32,27 milliards en 2030. 2026 sera-t-elle l’année de la généralisation ? Tout dépendra de la capacité des RH à passer de la sensibilisation ponctuelle à l’acculturation durable. Les pionniers ont tracé la voie. Reste à suivre le mouvement.

 

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