Bilan formation 2025 : les chiffres que votre direction veut (vraiment) voir

Moins 4 milliards d'euros. C'est l'ampleur des coupes budgétaires qui frappent la formation professionnelle en France cette année, selon le budget adopté en février 2025. Apprentissage raboté, CPF sous les 2 milliards, aides aux employeurs divisées par trois pour les grandes entreprises. Et ça ne devrait pas s’améliorer en 2026, avec la suppression pure et simple du Plan d’Investissement dans les compétences (PIC) par le Sénat cette semaine.

Dans ce contexte, votre bilan formation n'est plus un simple exercice de reporting : c'est un outil de survie face à un budget formation 2026 sous pression...

Bilan formation 2025 : les chiffres que votre direction veut (vraiment) voir
En 2025, le bilan formation devient un véritable argument business : moins de chiffres RH, plus de preuves de valeur, de risques évités et d’impact stratégique.

Le problème ? Selon une étude Deloitte, à peine 8 % des entreprises mesurent réellement le ROI de leurs actions de formation. Résultat : quand vous présentez vos tableaux à la direction, vous parlez une langue qu’elle ne comprend pas. Heures de formation, taux de participation, scores de satisfaction… Ces indicateurs rassurent les RH. Mais ils laissent les COMEX de marbre.

La bonne nouvelle : il existe des chiffres qui font mouche. Encore faut-il savoir lesquels;  et comment les présenter.

Ce que la direction entend (et ce qu’elle comprend) 

Vous avez passé des heures à compiler vos données. Taux d’accès à la formation par catégorie socioprofessionnelle, répartition présentiel/distanciel, nombre de stagiaires formés, budget consommé versus budget prévu. Votre tableau de bord RH est impeccable. Et pourtant, à peine avez-vous commencé votre présentation que les regards se perdent, les smartphones s’allument sous la table.

Ce n’est pas que vos chiffres soient faux. C’est qu’ils ne répondent pas aux questions que se pose votre direction.

Un DAF veut savoir ce que la formation a coûté; mais surtout ce qu’elle a rapporté ou permis d’éviter. Un DG cherche à comprendre si le plan de développement des compétences soutient réellement la stratégie de l’entreprise. Un COO s’interroge sur l’impact opérationnel concret : moins d’erreurs ? Des délais raccourcis ? Une productivité en hausse ?

Vos « vanity metrics » – ces indicateurs qui font joli dans un rapport mais ne disent rien de la valeur créée – ne parlent qu’aux initiés. Le nombre d’heures de formation ? Un coût, pas une valeur. Le taux de satisfaction à chaud ? Une opinion, pas une preuve. Le pourcentage du budget consommé ? Une dépense, pas un investissement.

Pour survivre aux arbitrages budgétaires, il va falloir changer de registre.

Les 4 familles de chiffres qui font mouche en COMEX

Oubliez le reporting exhaustif. Ce que votre direction attend, c’est un argumentaire resserré autour de quatre axes : ceux qui parlent le langage du business.

Les chiffres de conformité et de risque

C’est souvent par là qu’il faut commencer. Non pas parce que c’est le plus glorieux, mais parce que c’est ce qui empêche les dirigeants de dormir. Habilitations à jour, formations sécurité réalisées, recyclages effectués dans les délais, conformité RGPD des équipes concernées. Ces indicateurs touchent au risque juridique, financier, réputationnel. Un accident du travail évité, c’est une procédure en moins, une prime d’assurance préservée, une image protégée. Chiffrez ce que vous avez sécurisé, et ce qui reste à couvrir.

Les chiffres d’efficacité opérationnelle

C’est là que les études McKinsey prennent tout leur sens : les entreprises qui investissent dans la formation constatent en moyenne une hausse de 20 % de leur productivité. Mais attention, votre COMEX ne veut pas d’une statistique générique. Il veut vos chiffres à vous. La formation des techniciens SAV a-t-elle réduit le temps d’intervention ? Le parcours qualité a-t-il fait baisser le taux de rebut ? Le programme d’intégration a-t-il accéléré la montée en autonomie des nouvelles recrues ? Même deux ou trois cas documentés suffisent à crédibiliser l’ensemble.

Les chiffres de transformation

Votre entreprise mise sur l’IA, la transition écologique, la digitalisation des process ? Montrez comment le plan de formation accompagne ces priorités stratégiques

  • nombre de collaborateurs formés aux outils d’intelligence artificielle,
  • pourcentage des managers sensibilisés aux enjeux RSE, 
  • compétences critiques couvertes sur les métiers en tension. 

Ces indicateurs RH prouvent que la formation n’est pas un centre de coût isolé, mais un levier d’exécution de la stratégie.

Les chiffres d’investissement humain

Turnover, mobilité interne, taux de rétention des talents formés. Selon Deloitte, les entreprises dotées de programmes de formation solides réduisent leur turnover de 24 % en moyenne. Dans un contexte de guerre des talents, ce type de donnée pèse lourd dans les arbitrages.

Traduire en langage COMEX : la méthode du « business case » formation

Vous avez les bons indicateurs. Reste à les assembler en un récit que votre direction pourra s’approprier en moins de dix minutes.

La structure qui fonctionne tient en quatre temps. D’abord, ce que le plan a coûté – pas seulement les frais pédagogiques, mais le coût complet : temps salarié, logistique, conception, suivi. Ensuite, ce qu’il a permis d’éviter : 

  • contentieux, 
  • accidents, 
  • non-conformités,
  • perte de certification. 

Puis, ce qu’il a rapporté ou sécurisé : gains de productivité, amélioration de la qualité, fidélisation des talents. Enfin, ce qui reste à couvrir, et qui justifie le budget de l’année suivante.

Sur le volet ROI, ne cherchez pas à tout chiffrer. La plupart des formations (management, soft skills, QVT) échappent à un calcul strictement financier. En revanche, identifiez deux ou trois actions à fort enjeu business où vous pouvez démontrer un retour mesurable. Une formation commerciale qui a boosté le taux de transformation. Un parcours lean qui a réduit les rebuts de X %. Un programme d’onboarding qui a divisé par deux le temps de montée en compétences.

Pour crédibiliser vos estimations, appliquez un coefficient de prudence. Les experts recommandent de n’attribuer que 60 à 70 % des gains observés à la formation elle-même – le reste dépend d’autres facteurs. Cette humilité méthodologique renforce paradoxalement votre crédibilité. Un DAF préférera toujours un chiffre prudent qu’il peut défendre plutôt qu’une promesse gonflée qui s’effondrera au premier audit.

Dernier point : adaptez votre vocabulaire. On ne parle plus de « stagiaires » mais de « collaborateurs montés en compétences ». Plus de « budget formation » mais d' »investissement compétences ». Ce n’est pas du cosmétique : c’est un repositionnement stratégique de votre fonction.

Votre formation sur ce thème

 TABLEAUX DE BORD FORMATION 

2 jours – En présentiel ou à distance

  • Développer des tableaux de bord personnalisés et adaptés aux missions du service formation.
  • Sélectionner les indicateurs pertinents.
  • Analyser les données recueillies pour optimiser le pilotage de la formation.
  • Exploiter les tableaux de bord.
  • Communiquer sur les résultats obtenus.

Dans un contexte de coupes : transformer le bilan en bouclier

Avec un budget apprentissage amputé d’un milliard d’euros et des aides aux employeurs passées de 6 000 à 5 000 euros pour les PME ( voire 2 000 euros pour les grandes entreprises), la tentation est forte pour les directions de tailler aussi dans le plan de développement des compétences. Votre mission : ne pas subir la discussion, mais la cadrer.

La stratégie défensive repose sur un principe simple : montrer ce que l’entreprise perdrait sans budget formation. Quelles habilitations arriveraient à échéance sans renouvellement ? Quels risques de non-conformité réapparaîtraient ? Quelles compétences critiques (déjà rares sur le marché) ne seraient plus couvertes en interne ?

Inversez la charge de la preuve. Ce n’est pas à vous de justifier pourquoi il faut maintenir le budget. C’est à la direction d’assumer les conséquences d’une coupe. Le coût de la non-formation – accidents, turnover, perte de productivité, désengagement – dépasse presque toujours les économies réalisées.

Appuyez-vous aussi sur le contexte externe. Quand les financements publics se raréfient, les entreprises qui maintiennent leur effort prennent un avantage concurrentiel. Celles qui sacrifient la formation aujourd’hui paieront la facture demain : en recrutements plus coûteux, en perte de savoir-faire, en retard sur les transformations en cours.

Le bilan formation 2025 ne se joue pas dans la qualité de vos tableaux Excel. Il se joue dans votre capacité à parler le langage de ceux qui arbitrent les budgets. Risques évités, valeur créée, transformation accompagnée, talents fidélisés : voilà ce que votre direction veut voir.

Et si vous commenciez dès maintenant à préparer le terrain pour 2026 ? Un « cadre de preuve » construit en amont (trois à cinq indicateurs business suivis tout au long de l’année, quelques cas d’usage documentés, un tableau de bord partagé avec la finance) transformera votre prochain bilan en levier de négociation pour votre prochain PDEC plutôt qu’en exercice de justification.

La formation n’est pas une dépense à défendre. C’est un investissement à valoriser. À vous de le démontrer !

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