Maîtriser l’orthographe au travail, est-ce que cela compte vraiment ?

SMS, e-mails, tweets, profils Linkedin et Facebook, commentaires en ligne… Nous écrivons tous les jours. Pourtant, malgré cette pratique quotidienne de l’écrit, le niveau général d’orthographe des Français baisse depuis de nombreuses années.

Et avec l’avènement de l’informatique et la disparition progressive des lettres manuscrites au profit des textos, l’orthographe des mots est de plus en plus négligée. Partout, les fautes se banalisent.

Le phénomène s'est accentué avec la généralisation du télétravail qui a amplifié la place de l’écrit au quotidien et qui a rendu ce constat encore plus visible, en particulier dans le monde du travail.

Quels sont les impacts des fautes d’orthographe dans le cadre professionnel ? Ont-elles des conséquences sur la carrière ?

Maîtriser l’orthographe au travail, est-ce que cela compte vraiment ?
Maîtriser l’orthographe au travail, est-ce important ?

Un constat : le niveau en orthographe baisse de façon constante en France

Une baisse généralisée du niveau d’orthographe en France

C’est un fait, le niveau général d’orthographe est en baisse en France depuis de nombreuses années.

Selon des statistiques du ministère de l’Éducation nationale, en 2016, entre 1987 et 2005, les élèves ont perdu deux années : les collégiens de 5ème de 2005 ont le même niveau que des élèves de CM2, en 1987.

Une autre preuve est la dictée des 30 ans du ministère de l’Éducation nationale proposée à des élèves de CM2 à plusieurs années d’intervalle, en 1987, 2007 et 2015. Le nombre moyen de fautes est passé de 10,6 en 1987 à près de 18 en 2015.

Le constat est donc sans appel : le niveau d’orthographe des Français semble inexorablement baisser d’année en année.

Ce phénomène s’est progressivement généralisé depuis la fin du XXᵉ siècle et concerne l’ensemble des élèves, quel que soit leur sexe, leur âge ou leur environnement social. Il touche aussi bien les établissements d’enseignement publics que privés.

La baisse du niveau d’orthographe observée de l’école primaire au lycée aurait un impact sur l’avenir des étudiants, puis, plus tard, sur les professionnels.

En effet, le monde du travail n’est pas épargné.

D’après une enquête Ipsos pour le Projet Voltaire publié en 2021, 76 % des 2 500 employeurs interrogés à travers toute la France « se trouvent confrontés quotidiennement aux lacunes de leurs équipes » et trois entreprises françaises sur quatre estiment faire face à un problème d’orthographe de leurs employés. 

À l’écrit comme à l’oral, les salariés français font trop de fautes d’orthographe et de syntaxe.

Les cadres ne sont pas en reste : un certain nombre d’entre eux sont en situation d’illettrisme dans l’entreprise. À force de ne pas utiliser l’écriture, ils en ont perdu l’usage.

Ce phénomène, impossible à quantifier, échappe aux dispositifs de lutte et de détection, car ces salariés parviennent à cacher leurs difficultés grâce à des stratégies de contournement. En effet, en tant que cadre manager, il y a toujours quelqu’un à qui déléguer les tâches écrites !

Une orthographe française complexe et peu transparente

Quelle est la cause de cette situation ?

Elle est connue : c’est l’orthographe française elle-même.

En effet, elle est sans doute l’une des plus compliquée au monde et des plus longues à maîtriser, comme nous le présente cette excellente conférence : La faute de l’orthographe.

Les raisons de cette complexité sont multiples.

D’une part, notre alphabet ne comprend que 26 lettres pour transcrire 36 sons.

Donc, pour pallier cette difficulté, des accents et combiné des lettres (ch, gn, in …) ont été ajoutés. D’autres combinaisons de lettres ont également été ajoutées pour transcrire des sons qui étaient déjà codés par d’autres caractères (ph/f, au/o, ai/é, ç/s).

En conséquence, les 36 sons ont bien été représentés, mais au prix d’une complexité énorme : plus d’une centaine de possibilités pour coder les 36 sons tandis qu’une langue comme le finnois n’en possède qu’une vingtaine.

À cette complexité, s’ajoute l’abondance des lettres muettes dans l’orthographe française. En effet, 80 % des erreurs viennent des accords et des homophones verbaux (formes verbales qui s’entendent pareil, mais s’écrivent différemment) : « je prends », « il prend » ou encore « je dirai » (futur) et « je dirais » (conditionnel).

Ces fautes sont gênantes, car ces lettres muettes ont plusieurs fonctions grammaticales de sens et de distinction du temps, du nombre et du genre.

L’orthographe française est donc très peu transparente, c’est-à-dire que le passage du français parlé au français écrit est extrêmement complexe et difficile à prévoir à partir de règles.

Cette situation oblige à consacrer un temps considérable à l’enseignement de l’orthographe du français, au détriment des autres matières et des autres compétences langagières (savoir structurer un texte, présenter de manière claire et ordonnée une argumentation).

Or les matières enseignées se sont multipliées et le temps d’apprentissage du français à l’école a été réduit au profit de ces autres enseignements.

La situation est donc paradoxale : des compétences en français écrit exigées que l’école n’a plus le temps d’enseigner.  

Donc, l’évidence est là : les fautes d’orthographe commises par les Français restent nombreuses.

Une fois posé que le niveau d’orthographe en France baisse, la question qui s’ensuit est : Est-ce si grave que ça ? Quelle importance, finalement, qu’un texte soit mal orthographié, tant que le message passe ?

L’essentiel n’est-il pas de se faire comprendre le mieux possible, au plus près de la réalité et sans filtre ? En somme, avoir une bonne orthographe, est-ce encore vraiment utile ?

Quel est l’impact des fautes d’orthographe ?

Si certains pensent que faire des fautes n’est pas si grave, car « tout le monde en fait » ; dans le milieu professionnel, c’est une autre réalité.

En effet, dans le monde du travail, maîtriser les règles d’orthographe est considéré comme un atout majeur et une exigence absolue. A contrario, faire des fautes d’orthographe peut nuire à une carrière.

Que peuvent coûter les fautes d’orthographe dans le travail ?

L’orthographe, un puissant marqueur social en milieu professionnel

En France, l’orthographe est un marqueur social fort. Dans le monde du travail en particulier, maîtriser les règles d’orthographe est considéré comme une marque d’intelligence, de fiabilité et de sérieux. C’est aussi le signe d’une bonne structuration de la pensée puisque cela montre que l’on a bien assimilé la logique et les règles de sa langue.

Dans l’inconscient collectif, faire des fautes d’orthographe renvoie une image de personne brouillonne et non rigoureuse envers laquelle il est difficile d’avoir confiance. Au contraire, une maîtrise parfaite de l’orthographe donne une bonne réputation de fiabilité.

Les fautes sont d’ailleurs généralement interprétées par ceux qui les lisent comme un manque de rigueur, un manque de respect et un manque de crédibilité. On ne peut pas faire confiance à quelqu’un qui fait des fautes !

Un frein à la carrière

L’étude intitulée « Maîtrise du français : nouveaux enjeux pour salariés et RH », réalisée par OpinionWay pour Bescherelle, en 2019 nous apprend que :

  • 52 % des DRH affirment avoir déjà écarté une candidature en raison d’un défaut de maîtrise du français à l’écrit.
  • 15 % des employeurs confient que la promotion d’un salarié a pu être freinée en raison d’un mauvais niveau en orthographe.
  • 92 % des employeurs craignent qu’une mauvaise expression écrite de leurs salariés puisse avoir un impact négatif sur l’image de l’entreprise à l’extérieur.

De cette étude, nous pouvons déduire plusieurs conséquences d’une mauvaise maîtrise de l’orthographe sur la carrière professionnelle.

Un frein à l’embauche

Une mauvaise maîtrise de l’orthographe est tout d’abord un frein à l’embauche.

Les sondages sont formels : maîtriser le français à l’écrit reste un critère d’embauche décisif et nombreux sont les employeurs qui font de la maîtrise du français une condition à l’embauche.

D’après une enquête d’Ipsos du 26 octobre 2021, les fautes d’orthographe, de grammaire ou de conjugaison et une mauvaise qualité d’expression à l’écrit « sont rédhibitoires à la lecture d’un CV ou d’une lettre de motivation ».

80 % des recruteurs rejettent les dossiers de candidats dès qu’ils aperçoivent une faute d’orthographe, car cela démontre un manque de professionnalisme. 

En effet, un CV, un e-mail ou une lettre de candidature sont des documents supposés avoir été travaillés, relus et corrigés avant envoi. S’ils contiennent des fautes d’orthographe, leur présence sera interprétée comme de la négligence et de l’incompétence. De plus, des fautes commises en phase de recrutement se retrouveront sûrement une fois en poste. C’est un risque que le recruteur ne prendra probablement pas.

Un obstacle aux promotions

Une mauvaise maîtrise de l’orthographe constitue ensuite un frein à la carrière.

Selon l’enquête Ipsos de 2021, une difficulté à s’exprimer ou à convaincre et des fautes d’orthographe sont également des critères rédhibitoires pour accorder une promotion. « Pour plus de 80% des employeurs, ces lacunes constituent un obstacle important pour accorder une évolution de carrière ».

Écrire sans fautes est devenu un impératif pour pouvoir monter en grade au sein d’une entreprise et les fautes d’orthographe en entreprise sont vraiment pénalisantes : elles entravent réellement l’ascension professionnelle du salarié.

En effet, il semble difficile de nommer à un poste à responsabilités un employé dont les e-mails et les rapports sont truffés de fautes. Par manque de crédibilité, il aura du mal à convaincre ses équipes et à asseoir son autorité. De plus, sa piètre maîtrise de l’écrit risque de renvoyer une image dégradée de la société qui l’emploie auprès de ses partenaires.

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Un impact négatif sur l’image de l’entreprise

Faire des fautes d’orthographe en milieu professionnel ne nuit pas seulement aux salariés, mais aussi aux entreprises.

Selon les employeurs, une mauvaise maîtrise de la langue française nuit à la crédibilité et à l’image de l’entreprise auprès de leurs clients et/ou fournisseurs (plus de 90 %).

Et au sein même de l’entreprise, ils considèrent pour 77 %, que cela pénalise la productivité et l’efficacité professionnelle de leurs équipes, et que cela impacte même les résultats et la performance financière des entreprises (pour 65 %). 

En effet, dans leurs écrits, les salariés incarnent leur entreprise.

Leur maîtrise de l’orthographe est une forme de politesse et l’entreprise engage sa crédibilité dans les mails que ses employés envoient en son nom.

En effet, une faute d’orthographe dans un document envoyé à des clients ou partenaires donne une mauvaise image de l’entreprise. Une mauvaise orthographe crée aussi des erreurs de communication et d’interprétation qui peuvent donner lieu à des confusions, des incompréhensions, et une perte de crédibilité.

Donc, les conséquences sont également très importantes pour l’entreprise si les salariés ne savent pas s’exprimer ou écrire sans faire de faute.

Ce problème amène donc les employeurs à être plus attentifs à l’orthographe « parce qu’ils ont conscience que cela leur porte préjudice ».

En conclusion, il est indéniable que maîtriser l’orthographe au travail, cela compte vraiment autant pour le salarié que pour l’entreprise.

Alors, comment améliorer le niveau d’orthographe des salariés et des équipes ?

À court terme, une première solution pour éradiquer les fautes d’orthographe serait de recourir à des logiciels de correction orthographique. Ils sont faciles d’accès, mais ne sont cependant pas infaillibles.

En effet, se servir d’un correcteur orthographique donne l’illusion de faire moins de fautes d’orthographe ? mais n’améliore pas vraiment le niveau des utilisateurs.

L’option idéale et la plus efficace à long terme, serait de proposer aux équipes de se former pour revoir et (ré) apprendre les règles orthographiques.  

Il existe de multiples formations, cours, stages et certifications à la disposition des entreprises et de nombreuses modalités d’apprentissage pour réapprendre à écrire sans bouleverser le travail des salariés et leur organisation : cours du soir, applications mobiles, sites web, formations intensives…

De plus, en accompagnant les salariés plutôt qu’en les stigmatisant, la démarche de l’entreprise s’inscrit dans une volonté de formation visant à renforcer la confiance des salariés et contribue en même temps à impacter positivement la marque employeur.

Références documentaires :

  • L’étude « Maîtrise du français : nouveaux enjeux pour salariés et RH », réalisée par OpinionWay pour Bescherelle en 2019
  • L’enquête, Ipsos menée pour le compte de l’organisme de formation en orthographe Projet Voltaire, réalisée en ligne via le Panel Ipsos (sélection aléatoire au sein d’une base de 25 000 Français), en deux vagues, en mai et septembre 2021 auprès de 2 504 décideurs en entreprises de plus de 50 salariés du secteur public et privé sur la France entière dans divers secteurs d’activité (industrie, construction/BTP, services, commerces et transport…).

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