Gestionnaire ou responsable RH : un métier sous tension ?

Selon notre enquête annuelle “Professionnels RH : comment allez-vous ?, 56 % des RH ont travaillé plus ou beaucoup plus cette année que l’année précédente, et 86 % d’entre eux ont ressenti du stress au travail. Les gestionnaires et responsables RH ne sont en effet pas épargnés par les évolutions du monde du travail. Pire, ils doivent concilier de nombreuses missions, parfois contradictoires, dans un contexte en profonde mutation.

Zoom sur les tensions qui traversent les métiers de gestionnaire et de responsable RH.

Gestionnaire ou responsable RH : un métier sous tension ?
Une charge de travail qui ne cesse d’augmenter…

La complexité des missions du RH, sources de stress et de tensions

76 % des professionnels RH ont choisi ce métier pour “contribuer au bien-être des salariés” et 56 % d’entre eux sont motivés par leur rôle de Business partner. Mais dans la réalité, les tâches administratives restent prépondérantes, entre l’édition des tableaux de bords RH, la réalisation du bilan social et le suivi de la paie. De plus, les spécialistes des ressources humaines doivent jongler entre différents rôles pour répondre aux attentes des parties prenantes. 

Jongler entre les attentes des différentes parties prenantes

D’un côté, les salariés aspirent à plus de personnalisation dans l’accompagnement de leur parcours et de leur expérience collaborateur. De l’autre, les directions attendent des RH un véritable rôle stratégique et de business partner. Entre les deux, les RH doivent composer avec la digitalisation de leur activité et l’automatisation d’un certain nombre de tâches techniques, qui, certes, libèrent du temps, mais nécessitent aussi une montée en compétences. Entre la gestion du recrutement, le déploiement des entretiens professionnels et des entretiens d’évaluation, et la gestion des RPS, les tâches des professionnels RH sont multiples et ces derniers doivent à la fois maîtriser le volet technique, juridique, mais aussi le volet humain de leur métier.

S’adapter aux évolutions des contenus d’activité

Avec l’automatisation galopante d’un certain nombre de tâches administratives, les RH doivent être capables de monter en compétences vers des activités à plus haute valeur ajoutée. Ce qui, si l’on en croit les résultats de l’enquête, est plutôt perçu favorablement par les professionnels RH. 41 % des répondants ont constaté une amélioration dans le contenu de leur activité et de leurs tâches quotidiennes cette année. En effet, les activités des responsables RH sont de moins en moins tournées vers l’administratif, ce qui apporte plus de sens au travail.

Faire plus avec moins

Pour autant, cette amélioration du contenu des activités n’est pas toujours synonyme d’une amélioration de la Qualité de Vie au Travail. 31 % des RH ont ressenti une dégradation de leur équilibre vie professionnelle-vie privée cette année, car leur métier est source de charge mentale intense et de multiples injonctions. Il semblerait que d’année en année, les professionnels RH travaillent davantage, ce qui reflète la sous-dotation dont font généralement preuve les services des ressources humaines. 

Comme l’indique ce professionnel RH que nous avons interrogé lors de notre enquête annuelle :

 “Une charge de travail récurrente, le non-remplacement des collaborateurs qui partent (…) tout ceci mène à beaucoup d’épuisement.”

Un contexte paradoxal pour les professionnels des ressources humaines

Le contexte actuel n’est pas favorable au repos des professionnels RH. Entre la réforme des retraites et le déploiement de l’Index Séniors, les difficultés de recrutements persistantes et la mise en place du travail hybride (voire le retour au bureau pour les salariés habitués au télétravail), la situation n’est pas toujours simple à gérer. 

Un contexte mouvant pour les responsables RH, source d’ajustements

Les attentes des collaborateurs comme des candidats ont évoluées, et les professionnels RH doivent composer avec de multiples injonctions. Plus de personnalisation dans l’accompagnement des parcours, un rôle de business partner accru, la digitalisation de la fonction RH et l’accompagnement des projets structurants de l’entreprise.

En 2023, les sujets économiques et liés au travail ont dominé les préoccupations, reléguant les questions sanitaires, politiques, et climatiques à l’arrière-plan. Les transformations du travail, telles que l’intelligence artificielle, le travail hybride, et le freelancing, ont été au centre de l’attention des professionnels RH cette année. Mais ce sont aussi les questions économiques qui ont préoccupé les professionnels, face à l’inflation galopante et à la baisse générale du pouvoir d’achat.

Un rôle stratégique pas toujours suffisamment reconnu

Dans ce contexte mouvant, la reconnaissance du rôle des RH n’est pas toujours au rendez-vous, alors même que leur rôle devient de plus en plus stratégique.

Comme le souligne cette responsable RH : 

J’adore mon métier, mais je suis usée d’essayer de justifier mon utilité dans une entreprise où je suis seule référente RH. Non reconnaissance de mon poste, de son utilité, pas le droit de prendre des initiatives. C’est un métier souvent ingrat, mais pourtant valorisant personnellement et humainement.”

Pourtant, 80 % des RH considèrent la reconnaissance comme un levier clé de leur engagement au travail. Et paradoxalement, 54 % ne se sentent pas reconnus par leur hiérarchie. 

Depuis la crise du Covid-19, les professionnels RH sont pourtant sur le devant de la scène, avec une pénurie de talents persistante qui peut mettre en difficulté la performance des entreprises. Et celle-ci risque de durer, car, comme le montrent les tendances 2024 du recrutement, même si le marché risque de se contracter, les départs en retraite continueront de générer de nombreux postes à pourvoir. 

Le développement des compétences des RH en 2024, un enjeu crucial pour maintenir l’engagement

Dans ce contexte, comment s’y retrouver en tant que professionnel RH en 2024 ? 

La reconnaissance au travail et le développement des compétences sont deux facteurs clés d’engagement. 74 % des professionnels RH considèrent qu’ils développent leurs compétences au quotidien, ce qui s’avère une donnée plutôt favorable à leur engagement au travail.

Pour autant, la formation demeure une priorité, avec un focus sur le management, la communication, et l’adaptation aux nouvelles technologies. L’an dernier, les RH juniors se sont formés au management quand les séniors ont développé leurs compétences techniques, en lien avec la digitalisation de la fonction RH.

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Des professionnels RH indispensables pour soutenir la performance des entreprises

En conclusion, il est indéniable que les gestionnaires et responsables des ressources humaines font face à une pression croissante et à des défis complexes dans un monde du travail en constante évolution. Les résultats de notre enquête mettent en lumière les tensions qui traversent ces métiers essentiels. Alors que la majorité des professionnels RH sont motivés par le désir de contribuer au bien-être des salariés et de jouer un rôle de business partner, la réalité quotidienne est souvent dominée par des tâches administratives et la nécessité de jongler entre des attentes parfois contradictoires.

Malgré les avancées vers des activités à plus haute valeur ajoutée et une meilleure reconnaissance de leur rôle, de nombreux professionnels RH font face à une charge mentale intense et à une dégradation de leur équilibre entre vie professionnelle et vie privée. Le contexte actuel, marqué par des réformes, des difficultés de recrutement persistantes et des attentes en constante évolution, ne facilite pas leur tâche.

Pourtant, les RH demeurent indispensables pour soutenir la performance des entreprises, notamment face à la pénurie de talents qui perdure. En 2024, il est crucial que les professionnels RH continuent de développer leurs compétences, notamment en matière de management, de communication et d’adaptation aux nouvelles technologies, afin de répondre aux défis qui les attendent. La reconnaissance de leur rôle et de leur utilité au sein des organisations reste un enjeu majeur pour leur engagement au travail et leur épanouissement personnel.

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