Formation professionnelle continue : les tendances pour 2017 selon GERESO

L'univers de la formation professionnelle a connu ces dernières années de nombreuses évolutions : la loi du 5 mars 2014 a réformé la formation, et la démocratisation du web induit de nouveaux modes d'apprentissage : e-learning, classes virtuelles, etc. Vincent Chevillot, directeur des activités chez GERESO, décrypte ces tendances de la formation professionnelle pour 2017 et nous fait part des évolutions en cours chez GERESO.

Cet article a été publié il y a 7 ans, 8 mois.
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Tendances de la formation professionnelle en 2017

Bonjour Vincent, quelles sont vos missions en tant que directeur des activités chez GERESO ?

Mon périmètre englobe les trois activités qui forment le cœur de mission de GERESO – formation, édition et conseil – ainsi que le service marketing et le pôle pédagogique. Ce dernier joue un rôle clé car il assure la relation avec tous nos consultants, qui animent environ 1200 sessions de formation interentreprises et 1000 sessions de formation intra-entreprise par an.

Le pôle pédagogique fait vivre et évoluer notre offre de formation en tenant compte de l’actualité, qui suscite souvent de nouveaux besoins. Nous veillons donc, d’une part, à anticiper ces besoins et, d’autre part, à éviter la « pénurie de compétences » en recherchant des consultants experts et disponibles, pour élaborer des offres de formation qui correspondent aux vraies attentes, sur le terrain, des professionnels RH.

La loi du 5 mars 2014 a introduit le Compte Personnel de Formation (CPF). Quel est son impact sur les salariés ?

Nous évoluons désormais dans un monde professionnel où les salariés ont l’opportunité de prendre en main leur avenir. On ne réalise plus l’ensemble de sa carrière dans la même entreprise, il faut donc être mobile et agile et dans ce contexte, la compétence devient une arme pour évoluer dans le monde du travail. Les générations X et Y témoignent tout particulièrement de cette mentalité où l’on cherche en permanence à se nourrir de savoirs.

Le législateur n’a fait que renforcer cette tendance, d’abord avec la création du DIF en 2004 qui permettait à chaque salarié de se constituer un crédit d’heures dédié à la formation. Cette initiative a été suivie par la mise en place de la portabilité du DIF en 2009, qui permettait de conserver ses droits en cas de changement d’entreprise. Enfin, la loi du 5 mars 2014 donne aux salariés une emprise encore plus forte sur leur possibilité de se former car désormais, ils gèrent eux-mêmes grâce au CPF les droits qu’ils acquièrent.

Quelles sont, selon vous, les incidences majeures, sur le long terme, de la loi du 5 mars 2014 ?

A mes yeux, la loi comporte 4 orientations majeures :

1) La responsabilisation de l’entreprise et de l’individu : l’individu est responsable de la gestion de ses droits à la formation et grâce aux entretiens professionnels, l’entreprise n’a plus d’obligation de dépense mais plutôt une obligation sociale de former les salariés.

2) La sécurisation des parcours : il appartient désormais à chacun de sécuriser son propre parcours professionnel en développant ses compétences. L’individu peut d’ailleurs bénéficier gratuitement de l’accompagnement d’un conseiller en évolution professionnelle. Le service est proposé par différentes structures comme Pôle Emploi, l’APEC, le CAP Emploi ou encore les missions locales.

3) La simplification, avec le CPF qui suit le salarié tout au long de sa carrière.

4) La certification, à travers le CPF mais aussi le renforcement du congé individuel de formation, qui peut être cumulé avec le CPF pour étendre les possibilités de financement.

Justement, GERESO propose-t-il des formations certifiantes ou diplômantes ?

Nous dispensons aujourd’hui une trentaine de formations débouchant sur une certification professionnelle reconnue par l’Office Professionnel de Qualification des Organismes de Formation (OPQF) ainsi que 4 diplômes… et bientôt un cinquième, de niveau Bac+2 à Bac+5. Ces formations résultent de partenariats entre GERESO, qui assure la formation, et une école, qui certifie c’est-à-dire qui fait passer l’examen validant les compétences acquises.

Quel est l’intérêt pour un apprenant de passer par un organisme de formation comme le vôtre plutôt que par l’école en direct ?

Les écoles proposent en général deux voies : la formation initiale et la formation continue à temps partiel sur 2 ou 3 jours par semaine. C’est donc un rythme assez lourd pour des personnes qui souhaitent se former tout en ayant une activité professionnelle. Nous nous adressons souvent à un public de professionnels qui sont déjà en poste sans être titulaires du diplôme associé… ou qui occupent un poste inférieur mais souhaiteraient évoluer. Etant déjà dans le monde professionnel, ils ont souvent des compétences acquises sur le terrain, ce qui nous permet de les former sur une période plus courte, en mettant davantage l’accent sur la pratique.

Nous proposons par exemple un diplôme en partenariat avec l’université du Maine, où l’université assure la formation académique tandis que nous formons les apprenants sur la dimension plus pratique et opérationnelle. Nous prenons en quelque sorte « le meilleur des deux mondes » pour offrir une formation aussi complète que possible. GERESO fait d’ailleurs partie des premiers organismes de formation à avoir mis en place ce type de parcours.

Les entreprises en sont très friandes : elles ont tout intérêt à emmener les salariés compétents et motivés vers l’obtention d’un diplôme, délivré par un tiers de confiance qui valide l’acquisition de certains savoirs et savoir-faire. Elles sont donc souvent prêtes à financer et pour le salarié, c’est une vraie opportunité de progresser dans sa carrière.

Les entreprises, comme les individus, semblent rechercher de plus en plus de souplesse en matière de formation… Est-ce que cette tendance explique le succès du web dans l’univers de la formation (e-learning, dématérialisation…) ?

À mon sens, il faut adopter une approche pragmatique du e-learning, ne pas s’y lancer juste parce que c’est à la mode ou parce que c’est novateur. On peut y trouver un intérêt à la fois pédagogique et organisationnel.

Sur le plan pédagogique d’abord, nous avons développé chez GERESO plusieurs outils en ligne :

  • Il y a d’abord des modules disponibles en e-learning en amont de la formation : ils permettent de donner aux apprenants la matière première, les savoirs utiles, sous forme de modules de 1h30 à 2h découpés en séquences courtes. Cela permet à chacun d’y passer le temps nécessaire en fonction de ses disponibilités et de ses besoins. La formation en présentiel peut alors se consacrer davantage à la mise en pratique de ces savoirs, tout en apportant des explications ou des informations complémentaires.
  • Nous proposons ensuite des classes virtuelles, après la formation, qui favorisent les retours d’expérience.
  • Il y a également un e-tutorat, qui permet aux stagiaires de bénéficier d’un accompagnement tout au long de leur formation.

L’intérêt du web en matière de formation professionnelle est aussi organisationnel : on peut par exemple mettre à disposition des documents sur l’espace en ligne de chaque stagiaire ; en amont de la formation, on leur fait remplir un questionnaire en ligne  sur leurs attentes. Cela permet, d’une part, de s’assurer que la formation choisie est bien en accord avec les attentes et, si nécessaire, de réorienter la personne vers une formation plus adaptée à ses besoins. Mais cela sert aussi au consultant, qui en prend connaissance afin d’essayer ensuite de répondre au mieux aux attentes personnelles de chacun. Cela permet enfin d’éviter un tour de table trop long en début de formation, permettant ainsi aux stagiaires de se concentrer pleinement sur l’acquisition de nouveaux savoirs ou savoir-faire.

A terme, nous souhaitons dématérialiser un maximum de documents afin d’apporter plus de confort aux stagiaires et aux entreprises. Impliquer le web dans la formation, c’est aussi pouvoir offrir une meilleure expérience client !

Sans compter que cela limite le recours au papier, une priorité pour GERESO qui s’implique beaucoup dans une démarche pro-environnementale : nous avons une charte RSE, nos dirigeants roulent dans des véhicules hybrides et notre siège social du Mans est une ferme solaire, la première de la région et la plus grande centrale photovoltaïque de la ville.

GERESO a fait un pari audacieux : celui de faire évaluer la qualité des formations par un cabinet expert indépendant, Formetris. Qu’est-ce qui a motivé cette décision ?

Les responsables formation doivent de plus en plus souvent justifier de la valeur ajoutée d’une formation. Il ne s’agit donc plus seulement d’évaluer la formation elle-même mais de mesurer également son impact concret sur l’entreprise.

Très souvent, les formations sont évaluées grâce à la remise d’un questionnaire aux participants à l’issue de la formation… et l’on obtient des taux de satisfaction qui excèdent toujours 95%. La raison est simple : la plupart des gens sont bienveillants et lorsque c’est le formateur ou l’organisme de formation lui-même qui les interroge, ils ont tendance à privilégier les points positifs et à tempérer leurs remarques négatives.

Chez GERESO, nous souhaitions sortir de cette logique quelque peu biaisée et étudier les choses de manière plus objective. Nous avons donc fait appel à Formetris pour réaliser des évaluations en deux temps :

  • Une partie se déroule « à chaud », peu après le stage : le stagiaire évalue l’expertise du consultant, la qualité des supports et de l’accueil. Il définit aussi un plan d’action à mettre en place dans son entreprise.
  • La seconde partie a lieu à froid, 3 à 4 mois après la formation, ce qui permet de mesurer l’impact de la formation sur le terrain et de voir si le stagiaire a pu respecter le plan d’action qu’il prévoyait.

 

Cela constitue un véritable outil d’amélioration continue car l’évaluation donne des retours transparents et très utiles. Nous obtenons à ce jour des notes supérieures voire très supérieures à la moyenne sur l’ensemble des indicateurs évalués et cette présence d’un évaluateur indépendant nous permet de légitimer notre posture d’experts.

Aujourd’hui, la formation professionnelle ne consiste plus à utiliser un budget prédéfini pour essayer de satisfaire les attentes d’un maximum de salariés. Pour le salarié, elle constitue un enjeu car les compétences acquises par la formation lui serviront tout au long de son parcours professionnel. Et pour l’entreprise, c’est la possibilité de détecter et de développer les compétences de chacun. D’où l’importance de s’assurer par une évaluation objective que la formation offre une réelle valeur ajoutée !

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